Bulletin de Santé du Végétal

Edition Auvergne-Rhône-Alpes

territoire auvergnat

n°10

Pommes de terre

Date de publication

18 juillet 2018

Date d'observation : 17 juillet 2018

À retenir cette semaine

Doryphores : ne pas négliger la surveillance : le potentiel de nuisibilité existe toujours
Mildiou : la pression est retombée.

Crédit photo : Chambre d'Agriculture du Puy-de-Dôme

Réseau

Le réseau de parcelles fixes comprend, à ce jour, 6 parcelles en Limagne dont une en agriculture biologique, 2 parcelles en zone Combrailles et 2 parcelles en zone Haute-Loire (secteur Craponne).

Stades et état des cultures

Zone Limagne
Stades observés cette semaine : Les parcelles observées sont entre le stade maturation des fruits et début de sénescence. Sur le secteur, quelques défanages ont été effectués, mais la chaleur de fin juin-début juillet,-avec des températures supérieures à 30°c, a bloqué le grossissement des tubercules dans certaines parcelles, notamment sur la variété Agata.

Zone Haute-Loire (secteur Craponne) Les parcelles observées sont entre pleine floraison et fin floraison. La parcelle du réseau située à St Georges Lagricol n'a pas reçu de pluie cette semaine, et souffre de la sécheresse après les excès d'eau de ce printemps. L'autre parcelle a bien profité de la pluie cette semaine, mais globalement l'alimentation des plantes est limitée en raison de l'état des sols cette année. Les premiers défanages, pour la production de plants, commencent.

Zone Combrailles Beaucoup de parcelles ont encore connu la sécheresse cette semaine. La parcelle du réseau plantée en Anaïs (variété précoce) est en sénescence. L'autre parcelle (Bintje), qui a pu être irriguée, est encore au stade maturation des fruits. Les premiers défanages, pour la production de plants, vont intervenir dans les prochains jours.


Situation des bioagresseurs (ravageurs et maladie)

Observations sur la période du 15 au 17 juillet.

Ravageurs

Pucerons

Observation effectuée sur 40 plantes différentes.

En Haute-Loire, dans les 2 parcelles du réseau, on n'a repéré aucun puceron.

En Combrailles, on n'a repéré aucun puceron non plus dans les parcelles du réseau.

En Limagne, 8 parcelles ont fait l'objet d'une observation pucerons (5 parcelles fixes, ainsi que 3 parcelles
" flottantes "). La présence de pucerons n'a été relevée que dans 3 de ces parcelles, et avec un taux d'occupation allant de 2,5% à 7,5 % des folioles observées. Et la moitié de ces pucerons étaient parasités (momies).

Auxiliaires Dans les parcelles observées en Limagne pour les auxiliaires, on ne signale que quelques œufs de syrphes et de chrysopes.

Rappel du seuil de nuisibilité Le seuil de nuisibilité est atteint lorsque plus de 20 folioles latérales jouxtant la foliole terminale, sur 40 observées, sont porteuses de pucerons.

- Sur une feuille de pomme de terre située sur la moitié

inférieure de la plante, choisir l'une ou l'autre des folioles latérales jouxtant la foliole terminale.
- Observer la présence ou non de pucerons sur cette foliole.
- Répéter l'opération 40 fois sur des plantes différentes.

Analyse de risque

Avec l'entrée en senescence des cultures, les plantes ne représentent plus un abri et une ressource attractive pour les pucerons.

Risque pucerons

Doryphores

Repérage effectué sur 20 points d'observation, constitués chacun de 5 plantes.

En Haute-Loire, aucun doryphore n'est signalé dans les 2 parcelles du réseau. En revanche, ceux-ci sont très nombreux dans les jardins.

En Combrailles, aucun doryphore non plus n'est visible dans les 2 parcelles du réseau. Mais la pression est également forte dans les jardins.

En Limagne, la présence de doryphores est signalée dans 5 des 8 parcelles observées cette semaine. Pour 2 de ces parcelles, on n'a repéré que quelques adultes, mais pour les 3 autres, la présence de doryphores
(larves et adultes) est également notable en bordure. Et pour une de ces parcelles, le seuil de nuisibilité est même atteint.

Analyse de risque
Rappel : les adultes peuvent rester aptes à pondre pendant plusieurs mois. Le cycle complet de l'œuf à l'adulte demande en général un mois à un mois et demi. L'optimum de température pour ce développement se situe entre 25 et 32 °c. Le stade de sensibilité correspond aux stades les plus jeunes du développement de la larve (L1 à L3= taille d'un grain de blé). Continuez à surveiller les parcelles, notamment les plus tardives qui offrent encore une ressource profitable au ravageur.

Rappel du seuil de nuisibilité Le seuil de nuisibilité pour les doryphores est atteint dès que l'on observe en bordure de parcelle 2 foyers de larves pour 1000 m2 (1 foyer = 1 ou 2 plantes avec au moins 20 larves au total).

Risque doryphores

Observations maladies

Alternariose

Parmi les 8 parcelles observées en Limagne cette semaine, si, dans la parcelle du réseau en variété Samba, les symptômes, qui peuvent être attribués à l'alternariose, ne se sont pas beaucoup étendus au cours des 3 dernières semaines, en revanche, un développement des symptômes ces 2 dernières semaines est signalé dans une autre parcelle (hors réseau) en variété Samba. Dans les autres parcelles observées cette semaine, on ne signale pas de symptômes d'alternariose.

Symptômes : sur les folioles, taches rondes brunes à noires, pouvant atteindre 2 cm de diamètre, avec des bordures bien délimitées et présence d'anneaux concentriques sur les taches les plus grandes. Les taches peuvent, en se rejoignant, provoquer la mort prématurée du feuillage, accélérant la sénescence des plantes. Ces symptômes peuvent être confondus avec ceux de certaines carences.

Rappel : Cette maladie se développe plutôt en conditions de stress. C'est généralement une maladie de faiblesse et de vieillesse qui s'installe sur les feuilles basses et progresse avec l'avancée en sénescence de la parcelle.

Il est admis que certaines variétés, parmi lesquelles Bintje, Charlotte, Desiré, Lady Claire, Samba , se montrent plus sensibles que d'autres à cette maladie. Il n'existe pas de seuil de nuisibilité pour l'alternariose.


Gestion agronomique du risque :

La diminution du risque passe par :
- le choix de parcelles bénéficiant d'une bonne structure, avec une bonne réserve hydrique et nutritionnelle,
- des préparations de sol qui évitent la formation de tassements et de mottes,
- la prévention des carences,
- des irrigations appliquées plutôt le matin, permettant un ressuyage rapide du feuillage.
- le choix variétal.

Tache supposée d'alternariose sur Samba (16/7/2018)

Mildiou

En Haute-Loire, on signale cette semaine des taches de mildiou sur feuilles et tiges, en assez grand nombre, dans une parcelle située non loin d'une parcelle du réseau (variété Bintje).

En Combrailles, dans la parcelle du réseau (variété Bintje) où des symptômes avaient été repérés il y a un mois, la maladie est stoppée.

En Limagne, dans les 8 parcelles observées cette semaine (5 parcelles du réseau fixe et 3 parcelles flottantes), la maladie est également stoppée. Sans qu'on observe de véritables foyers, dans ces parcelles, les dégâts vont de quelques taches sur folioles, pétioles et bouquets, à quelques pieds fortement contaminés (avec dégâts sur tiges) (variétés Agata, Bintje, Monalisa, Nicola, Lady claire, Samba).

Gestion du risque

Si les conditions actuelles semblent peu propices à de nouvelles contaminations dans l'immédiat (voir ci-dessous), il ne faut pas perdre de vue qu'à l'approche des défanages, la surveillance ne doit pas être relâchée. En effet, outre les pertes de rendement encourues par suite des dégâts causés au feuillage, la maladie est susceptible de passer du feuillage aux tubercules, par l'intermédiaire des spores du champignon qui peuvent être véhiculées dans le sol par l'eau de pluie ou d'irrigation.

Utilisation du modèle Mileos (www.mileos.fr)

Modélisation Mildiou : le BSV pomme de terre Auvergne mobilise le modèle Mileos qui se base sur le cycle épidémique de Phytophtora infestans.


Rappel interprétation du risque mildiou avec le modèle Mileos

Attention, cette année les déclenchements sont basés sur les poids de contamination (un nouvel indice encore plus précis).

Pour que le seuil de nuisibilité soit atteint, il faut que le niveau de risque soit atteint:
Moyen pour les variétés sensibles,
Élevé pour les variétés sensibles et intermédiaires,
Très élevé pour les variétés sensibles, intermédiaires et résistantes,
+ et que les conditions climatiques soient favorables à la contamination.

A noter que la sensibilité sur feuillage n'est pas corrélée avec la sensibilité sur tubercules. Ainsi, une variété peut être résistante au mildiou sur feuillage et sensible au mildiou sur tubercules et inversement. Planter suffisamment profond, avec un buttage bien appuyé, pour éviter la formation de crevasses, permet de limiter la contamination des tubercules par les spores de mildiou.

Pour connaitre le seuil de sensibilité de vos variétés, vous pouvez vous connecter sur le site internet Arvalis-infos : http://www.fiches.arvalis-infos.fr/liste fiches.php?fiche=var&type=001

Situation épidémiologique au 17 Juillet

Sur la base des modélisations Mileos, sur des parcelles témoins non irriguées, le seuil de nuisibilité n'a théoriquement pas été atteint sur l'ensemble des secteurs modélisés ces derniers jours.

Département Stations météo Niveau de risque au 17/07 Seuil de nuisibilité atteint au 17/07 Pluie (en mm) depuis 7 jours
VS VI VR
Haute Loire (43) Craponne sur Arzon (ND) ND ND ND ND ND
Sardon (7h) nul NON NON NON 152
Puy-de-Dôme (63) Clermont-Ferrand (7h) nul NON NON NON 153
Saint-Gervais-d’Auvergne (7h) nul NON NON NON 105
VS = variétés sensibles
VI = variétés intermédiaires
VR = variétés résistantes

Analyse du risque et prévisions

Remarque préalable : le tableau ci-dessus ne donne qu'une information à la date indiquée et pour l'heure à laquelle les données sont disponibles.

Analyse du risque : L'environnement des parcelles observées reste relativement sain. Seuls quelques cas de mildiou ont été remontés en Limagne et en Combrailles. Dans les secteurs de Sardon et Clermont-Ferrand, le seuil de nuisibilité a été atteint le 05/07, ce qui a permis aux réserves de spores de se vider. Depuis, le temps défavorable au mildiou permet de maintenir les réserves de spores nulles. Avec le temps ensoleillé et chaud attendu jusqu'à vendredi, le risque mildiou reste très faible. Seules des irrigations importantes peuvent maintenir des spores viables dans les parcelles déjà touchées par le mildiou en juin. Les éventuels orages attendus vendredi soir et samedi ne devraient pas avoir beaucoup d'impact
(les réserves de spores étant nulles) si le soleil reprend le dessus en début de semaine prochaine.


Sur la base du modèle Mileos , le seuil de nuisibilité n'est pas atteint aujourd'hui sur l'ensemble des secteurs modélisés.

Prévisions météo : le temps ensoleillé va se maintenir jusqu'à la fin de semaine. De faibles risques d'averses
(localement orageuses) sont prévus vendredi soir. Ce temps reste défavorable au mildiou.

Rappel, pour que le seuil de nuisibilité du mildiou soit atteint, il faut qu'il existe une réserve de spores
(" quantité de maladie qui pourrait contaminer ") et que les conditions climatiques soient favorables à la contamination.

Adventices : Liserons

Dans plusieurs cultures, on observe actuellement ces plantes adventices, en bout de rangées ou par ronds à l'intérieur de la parcelle. Elles se caractérisent par une forte capacité de développement en quelques mois à partir de la plantation des pommes de terre. Outre la concurrence pour la culture, ces mauvaises herbes vont constituer avant tout une gêne lors de la récolte, et, en attendant, contribuent à entretenir dans la parcelle des zones avec un environnement peu aéré se ressuyant mal et donc favorable au mildiou. On distingue le liseron des champs et le liseron des haies.

Liseron des champs- Source Portail Ecophytopic
Liseron des haies -Source Portail Ecophytopic

Ecologie Ces deux plantes ont en commun d'être des vivaces qui, en l'absence d'une lutte persévérante, s'installent durablement dans la rotation.

Le liseron des champs se développe plutôt dans les sols à ph neutres ou basiques, bien drainés, et résiste bien à la sécheresse. Il se multiplie par germination des graines à partir du mois de février et par développement de pousses à partir de drageons (pousses issues de racines).

Le liseron des haies se développe, quant à lui, dans les sols à ph neutres ou acides, frais, - voire humides. Il se multiplie par germination des graines à partir du mois d'avril et par développement de pousses à partir de rhizomes souvent profonds. Les pousses aériennes, très volubiles, ont la capacité de s'enfoncer dans le sol en fin d'été et de reconstituer ainsi le stock de rhizomes. Traditionnellement présents dans les vergers et les cultures légumières, il connait actuellement un certain développement lié aux monocultures et aux rotations à retour fréquent de maïs.

Gestion du risque Dès lors qu'elles sortent de terre, ces 2 adventices sont très difficiles à combattre dans la culture de pomme de terre. C'est pourquoi la lutte doit être envisagée dans l'ensemble de la rotation. Elle repose pour beaucoup sur des interventions en intercultures, et pour le liseron des haies sur la limitation du nombre de cultures estivales dans la rotation.


Efficacité de la lutte agronomique contre le liseron des champs

Efficacité de la lutte agronomique contre le liseron des haies

Pour plus d'informations, on peut consulter quelques-unes de ces documentations :

http://www.infloweb.fr/liseron-des-champs http://www.infloweb.fr/liseron-des-haies http://draaf.auvergne-rhone-alpes.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/2016 - Fiche Liseron - SERAIL cle8e1231.pdf http://www.itab.asso.fr/downloads/desherb-meca/dm-brochure culture-web.pdf

Publication hebdomadaire. Toute reproduction même partielle est soumise à autorisation

Directeur de publication : Gilbert GUIGNAND, Président de la Chambre Régionale d'Agriculture Auvergne-Rhône-Alpes
Coordonnées du référent : François Roudillon (CA03) froudillon@allier.chambagri.fr, 04 70 48 42 42
À partir d'observations réalisées par : la chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme, le Comité Centre et Sud, Jardin de Limagne, Combronde Agri et

avec la participation d'agriculteurs.

Ce BSV est produit à partir d'observations ponctuelles. Il donne une tendance de la situation sanitaire régionale, celle-ci ne peut pas être transmise telle quelle à la parcelle. La Chambre régionale dégage toute responsabilité quant aux décisions prises par les agriculteurs concernant la protection de leurs cultures. Ce BSV est co-rédigé par Arvalis et la Chambre d'Agriculture du Puy-de-Dôme.

Action pilotée par les ministères chargés de l'agriculture et de l'environnement, avec l'appui financier de l'Agence Française pour la Biodiversité, par les crédits issus de la redevance pour pollutions diffuses attribués au financement du plan Ecophyto.

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