Bulletin de Santé du Végétal

Edition Auvergne-Rhône-Alpes

Bilan sanitaire 2019

Date de publication 6 et 7 novembre 2019

Bilan sanitaire Colza AURA

Sommaire

1. Présentation du réseau d'épidémiosurveillance Colza AURA

2. Pression biotique 2019

3. Bilan par bioagresseur

4. Facteurs de risque phytosanitaire

Crédit photo : Réseau des Chambres d'Agriculture

- -

1. Présentation du réseau d'épidémiosurveillance

Figure 2 : Réseau BSV Colza 2018 -2019

Figure 1 : Carte des surfaces de colza en France (semis 2018)

Le réseau d'observation est constitué de 46 parcelles de colza dont 10 pratiquement non observées. Il mobilise 3 agriculteurs et 17 techniciens des différents organismes : 6 Chambres d'agriculture, 7 coopératives, 4 négoces.

Secteur Auvergne : le réseau est composé de 23 parcelles, dont 13 parcelles dans l'Allier, 7 parcelles dans le Puy-de-Dôme et 3 parcelles en Haute-Loire. A noter qu'à mi-campagne, il ne restait plus que 13 parcelles dans le réseau. En effet, les autres parcelles n'ont pas survécu aux difficultés d'implantation liées à la sécheresse automnale.

Secteur Rhône-Alpes : le réseau est composé de 23 parcelles, dont 6 parcelles dans l'Ain, 7 parcelles dans l'Isère, 5 parcelles dans la Drôme, 2 parcelles dans le Rhône, 2 parcelles en Haute-Savoie et 1 parcelle dans la Loire.

La carte montre la répartition des parcelles en Auvergne-Rhône-Alpes. On constate que les parcelles du réseau sont majoritairement situées dans les zones où les surfaces de colza sont les plus importantes. Les observations sont réalisées avec rigueur par les observateurs.

Les observations de ces parcelles constituent les données de base permettant de suivre l'évolution des bioagresseurs plus particulièrement dans le temps. Ces informations sont complétées également par :

- des observations de parcelles flottantes

- des informations de tour de plaine

- des informations des prospections avant récoltes.


2. Pression biotique 2019

Bioagresseurs Qualification de la pression 2019 Comparaison avec 2018
Petites altises Faible <
Tenthrèdes de la rave Faible =
Pucerons verts Moyenne à faible >
Grosses altises Moyenne à forte =
Charançons du bourgeon terminal Moyenne à faible <
Larves de grosses altises Forte =
Charançons de la tige Moyenne à forte >
Méligèthes Forte >
Charançons des siliques Moyenne à faible =
Pucerons cendrés Faible =
Sclérotinia Faible <
Oïdium Faible =

3. Bilan par bioagresseur

RAVAGEURS

Automne

Limaces :

Quelques attaques de limaces sont signalées sur la moitié nord Rhône-Alpes, globalement plus arrosée en août et septembre que le reste de la région. Les colzas commencent alors à sortir de la phase de sensibilité, et, à l'exception de quelques cas, on ne note pas de véritable nuisibilité. Ailleurs, on enregistre très peu de signalements, avec des niveaux d'attaque très faibles.

Petites altises :

Concernant les petites altises, là encore quelques signalements, n'entraînant pas de risque pour la culture.


Adultes de grosses altises :

Les premières captures significatives de grosses altises adultes ont été enregistrées autour du 27/09, à la suite d'une chute des températures maximales au 23/09, suivi d'une remontée de ces températures maximales au-dessus de 20°C, le 25/09 (figure 1).

Figure 3 : Evolution des températures, déclenchant le vol de grosses altises.

A cette date, les stades de développement des colzas sont très hétérogènes selon les parcelles, allant des stades cotylédon à 7 feuilles. Les parcelles les plus développées, hors de la phase de sensibilité n'ont pas subi de dégâts. Ailleurs, les colzas ont généralement été protégés, et les dégâts sont restés limités. Les attaques les plus fortes, sont enregistrées sur les parcelles les plus tardives qui allaient du stade cotylédon à 4 feuilles. Dans plusieurs parcelles du nord 63 et sud 03, les colzas exposés à ces attaques ont dû faire l'objet de plusieurs interventions insecticides. Certaines interventions, à base de pyréthrinoïdes conduisant à des échecs, ont alors fait suspecter un risque de résistance. Ces parcelles accusaient alors un retard lors de l'entrée dans l'hiver, et une plus forte sensibilité aux larves de grosses altises et CBT (Charançon du Bourgeon Terminal).

Charançon du bourgeon terminal :

Le charançon du bourgeon terminal, très peu présent en Rhône-Alpes, a été davantage observé en Auvergne avec un vol s'étalant sur 4 semaines, connaissant un pic autour du 19 octobre (figure 3). Si aucun dégât n'est signalé jusqu'à l'entrée hiver, plusieurs parcelles du Puy-de-Dôme et de l'Allier, hors réseau BSV, signaleront des dégâts en sortie d'hiver, souvent couplées avec les larves d'altises, et à mettre en lien avec le gel fin février (ce phénomène est abordé plus tard dans le document, cf. " Phase hivernale ").

Figure 4 : Dynamique pluriannuelle de piégeage du charançon du bourgeon terminal dans le réseau BSV Colza Auvergne / cuvette (avec valeurs nulles)

Larves de grosses altises :

La pression de larves de grosses altises, évaluée en entrée hiver, faisait état d'un niveau moyen à faible en Rhône-Alpes, avec 1/3 des parcelles avec présence de larves sur 10 à 20% des plantes seulement. En Auvergne, la situation est plus contrastée. Si 80% des parcelles signalent des larves, moins d'1/3 d'entre elles atteignent le seuil de risque. Or, ces parcelles les plus touchées, présentent de faibles biomasses, et donc un risque important de dégâts.


Pucerons verts et Pucerons gris :

Les pucerons verts ont été fréquemment observés jusqu'au stade 6 feuilles du colza, qui représente le stade de développement auquel la plante est la plus sujette aux transmissions de virose TuYV. On note cependant des infestations importantes sur certaines parcelles jusqu'à 80% de plantes porteuses plus tardivement, autour de la mi-octobre. On observe également quelques signalements de pucerons gris dans l'Allier.

Printemps

Larves de grosses altises et de charançons du bourgeon terminal (CBT) :

A la suite de l'épisode de froid survenu fin février, une majorité de parcelles du Puy de Dôme, du sud Allier et localement de l'Isère et de l'Ain signalent des destructions du bourgeon terminal par des larves d'altises mais aussi de CBT (figure 5). Les plantes touchées repartent alors par les bourgeons axillaires, donnant des plantes à port buissonnants, bien moins productives.

Dans la majorité des cas, les dégâts concernent moins de 30% des plantes à port buissonnant, soit un impact pas ou peu préjudiciable dès lors que le système racinaire est correctement développé. Certaines parcelles, touchées à plus de 50% n'ont pas pu compenser les dégâts occasionnés, et affichent un rendement final évalué à 20-25 q/ha soit une perte de rendement de 15 q/ha par rapport aux rendements habituels sur ces parcelles. Ce phénomène a surtout été amplifié par la sécheresse et le contexte hydrique de l'année. Dans quelques situations extrêmes c'est l'ensemble de la parcelle qui est concerné et le retournement est à envisager. Les chiffres cités ici sont principalement issus d'observations sur des parcelles hors réseaux et d'échanges avec les acteurs locaux. Les informations remontées par le réseau BSV sur le secteur Auvergne concernant le taux de plantes à port buissonnant sont peu nombreuses (4 parcelles), et toutes inférieures à 20% (dont 3 inférieurs à 5%).

Figure 5 : Destruction du bourgeon terminal par les larves de grosses altises (Crédit Terres Inovia)

Les dégâts observés ne sont pas uniquement liés à la présence de larves, mais également aux conditions climatiques de toute la phase hivernale. En effet, en l'absence de véritable gel de décembre à mi-février, les larves ont progressé des pétioles vers les cœurs tout en causant des dégâts du fait de la croissance faible des plantes à l'automne. Les galeries creusées par les larves ont par la suite grandement fragilisé les plantes au gel. L'arrêt de végétation très tardif, a permis aux larves d'atteindre le cœur de la plante et de le détruire. Habituellement à cette époque le colza est en phase de montaison rendant alors le bourgeon terminal inaccessible aux larves.


Charançon de la tige du colza :

Le vol de charançon de la tige du colza a débuté autour du 23 Février. On ne constate pas de dégâts sur les parcelles, malgré quelques confusions sur le terrain entre des symptômes de déformation des tiges liées à l'insecte, et aux déformations passagères liées à la croissance rapide de la plante. Vol massif et précoce facilement identifiable et gérable.

Figure 7 : Dynamique de piégeage du charançon de la tige du colza en Auvergne
(nombre moyen de charançon/cuvette avec valeurs nulles, et valeurs>50 ramenées à 50.

Méligèthes :

La pression méligèthes était cette année relativement forte sur la plupart des secteurs. L'insecte a été observé sur l'ensemble des parcelles du réseau entraînant un risque pour l'ensemble des parcelles. L'ensemble des observations réalisées indiquent une pression comprise entre 8 et 20 insectes/plante. Sur l'ensemble des réseaux Auvergne et Rhône Alpes, soit 36 parcelles, 16 ont connu une forte attaque au stade boutons accolés, avec jusqu'à 50 méligèthes par plante, nécessitant un traitement insecticide. Cela montre qu'avec une tendance générale de risque élevé, la surveillance à la parcelle reste indispensable.

Autres ravageurs

Faible pression également des ravageurs tels que les pucerons cendrés et les charançons des siliques. On constate quelques siliques avec présence de larves de cécidomyies mais sans impact sur le rendement.

MALADIES

Le risque sclérotinia n'était pas avéré sur l'ensemble des bassins producteurs de colza de la région du fait de l'important déficit hydrique sur la région. La lutte fongicide réalisée à la chute des premiers pétales a permis d'éviter l'expression de la maladie. En Auvergne 3 kits sur 7 indiquent un risque. En Rhône-Alpes, 8 kits pétales sur 18 indiquent un risque. Les résultats de l'ensemble des kits pétales sont présentés en annexe.

Concernant l'oïdium, bien que quelques symptômes soient apparus en toute fin de cycle, on note deux cas d'oïdium marqués dans le cadre du réseau, sur le secteur Rhône-Alpes (Drôme et Isère).

On note l'apparition en fin de cycle d'un certain nombre de maladies sur siliques dont l'alternaria ayant parfois pu poser des problèmes d'identification, car plusieurs symptômes présents sur les mêmes organes.


Tableau 1: résultats de kits pétales réalisés en Rhône-Alpes

Zones Commune Code postal Fleurs contaminées (%)
CHEVROUX 01190 475%
Bresse (Nord Ain) VILLEMOTIER 01270 775%
ST ETIENNE DU BOIS 01370 375%
ST ETIENNE DU BOIS 01370 275%
AMBERIEUX-EN-DOMBES 01330 45,0%
Dombes (Sud Ain) SAINT-ANDRE-DE-CORCY 01390 35,0%
SANDRANS 01400 725%
SAINT - ELOI 01800 350%
Plain de Lyon (Rhône) GENAS 69740 2,5%
PUSIGNAN 69330 20%
ST JEAN DE BOURNAY 38440 20%
THODURE 38260 0,0%
Plaine de la Bièvre (Isère) THODURE 38260 75%
MARCILLOLES 38260 35,0%
APPRIEU 38140 25%
CHATEAUNEUF-DE-GALAURE 26330 12,5%
Nord Drôme /Plaine de Valence (Drôme) CHATEAUDOUBLE 26120 5,0%
MALISSARD 26120 10,0%

Tableau 2 : Résultats de kits pétales réalisés en Auvergne

Zones Commune Code postal Fleurs contaminées (%)
SAINT - VICTOR 03410 10%
LORIGES 03500 40%
Allier POUZY MESANGY 03320 17%
SAINT POURCAIN SUR BESBBRE 03290 0%
ROCLES 03240 475%
Puy-de-Dôme SAINT DENIS COMBARNAZAT 63310 40%
SAINT MARTIN DES PLAINS 63570 5%

NB : Le risque de développement du sclérotinia est avéré à partir de 30% de fleurs contaminées


4. Facteurs de risque phytosanitaire

Analyse climatique Les graphiques météorologiques complets pour Ambérieu (01), Etoile/Rhône (26), Saint-Etienne de Saint-Geoirs
(38), Clermont-Ferrand (63) et Vichy (03) sont présentés en annexe.

a) Date de semis A l'échelle régionale, on observe généralement une sécheresse marquée dès le début du cycle de la culture. Les semis ayant été positionnés assez tôt, avant le 20/08, ont pu bénéficier de quelques épisodes pluvieux favorisant la levée et le développement. Attention, certains secteurs n'ont pas bénéficié de pluies suffisantes pour assurer la bonne implantation de la culture. Les parcelles semées après ces pluies ont connu des levées plus tardives comme dans le nord du Puy-de-Dôme, exposant le colza aux attaques de grosses altises adultes. Dans d'autres situations, très peu arrosées comme la moitié sud de la Drôme ou encore le sud Allier, les conditions très sèches ont rendu les semis compliqués avec plusieurs cas d'échecs. Sur ce secteur, de nombreuses préparations de sol ont été trop tardives ne permettant pas de semer à temps, pour bénéficier de la pluie de mi-août. De plus, on observe dans bons nombres de secteurs un début d'Automne relativement sec qui a considérablement impacté le développement du colza, favorisé l'impact des insectes et donc induit des retournements/destructions de parcelles notamment en Auvergne. Globalement, le facteur climatique est le principal facteur d'échec de la culture dans beaucoup de secteurs de la région

b) Automne et bilan à l'entrée de l'hiver Début Novembre, nous observons un retour des pluies sur la plupart des secteurs. D'autre part, on peut signaler un hiver relativement doux et humide dans la région, ce qui a fortement impacté le colza. En effet, on peut aisément coupler le stress hydrique de début de cycle, donnant des colzas pour la plupart chétifs et peu développés, et l'impact des larves de grosses altises et de CBT dont la population n'a pas été réduite par le gel hivernal comme habituellement. A noter que les biomasses d'entrée hiver sont relativement faibles par rapport à la normale à l'échelle du territoire (à peine 1 kg/m² en 2018 contre 1.5 kg/m² habituellement).

c) Une reprise difficile Sur le début d'année, on observe des températures assez élevées couplées à un niveau de précipitations relativement faible. En sortie d'Hiver, on conserve un déficit hydrique encore marqué qui n'a pas été compensé par les précipitations hivernales. A noter très peu de défoliation, donc pas de diminution de la population larvaire qui continue à impacter sévèrement le colza.

d) Phase printanière A la suite d'une sortie d'hiver compliquée pour une part importante des parcelles de colza, le printemps n'a pas offert au colza des conditions favorables pour exprimer ses capacités de compensation. En effet, les coups de gel tardifs du mois d'Avril ont compliqué l'induction de la floraison dans de nombreuses parcelles. De plus, les situations d'enracinement limitant, liées à l'implantation n'ont pas été en mesure de compenser les pertes déjà irréversibles. La floraison a été relativement étalée du fait des températures basses et des variations de températures importantes au mois d'avril, qui conditionnent la cinétique d'émission des fleurs. A noter que l'irrigation avant floraison s'est avérée payante dans certains secteurs déficitaires en eau. Après un mois de mai très sec, les températures se sont montrées particulièrement élevées jusqu'en juin. La fin du remplissage des grains a alors pu se retrouver pénalisée.


Annexe 1 : Diagramme Climatique sur quelques stations de la région AURA

Figure 3 : Diagramme climatique du 1/08/18 au 30/06/19 sur la station de Vichy (03)

Figure 4 : Diagramme climatique du 1/08/18 au 30/06/19 sur la station de Clermont Ferrand (63)


Figure 5 : Diagramme climatique du 1/08/18 au 30/06/19 sur la station de Ambérieu (01)

Figure 6 Diagramme climatique du 1/08/18 au 30/06/19 sur la station de Etoile sur Rhône (26)


Figure 7 Diagramme climatique du 1/08/18 au 30/06/19 sur la station de Saint-Etienne de Saint Geoirs

Pour en savoir plus, EcophytoPIC, le portail de la protection intégrée : http://grandes-cultures.ecophytopic.fr/grandes-cultures

Publication hebdomadaire. Toute reproduction même partielle est soumise à autorisation

Directeur de publication : Gilbert GUIGNAND, Président de la Chambre Régionale d'Agriculture Auvergne-Rhône-Alpes
Coordonnées du référent : François Roudillon (CA03) froudillon@allier.chambagri.fr, 04 70 48 42 42
À partir d'observations réalisées par : des coopératives et négoces agricoles, des instituts techniques, des Chambres d'Agriculture de la région Auvergne-Rhône-Alpes, des lycées agricoles et avec la participation des agriculteurs.

Ce BSV est produit à partir d'observations ponctuelles. Il donne une tendance de la situation sanitaire régionale, celle-ci ne peut pas être transmise telle quelle à la parcelle. Pour chaque situation phytosanitaire, les producteurs de végétaux, conseillers agricoles, gestionnaires d'espaces verts ou tout autres lecteurs doivent aller observer les parcelles ou zones concernées, avant une éventuelle intervention. La Chambre régionale dégage toute responsabilité quant aux décisions prises par les agriculteurs concernant la protection de leurs cultures.

Action pilotée par les ministères chargés de l'agriculture et de l'environnement, avec l'appui financier de l'Agence Française pour la Biodiversité, par les crédits issus de la redevance pour pollutions diffuses attribués au financement du plan Ecophyto.

Licence Ouverte Etalab