De nombreux ravageurs et maladies sont susceptibles d'attaquer la culture de l'ail et de lui porter préjudice. Pour un grand nombre d'entre eux, aucune méthode de lutte directe n'est disponible. La prophylaxie constitue donc la base de la protection en production d'ail.
La prophylaxie consiste à mettre en place une série de mesures préventives afin d'éviter, de limiter ou de retarder l'apparition des bio-agresseurs et leur développement. La combinaison de l'ensemble de ces mesures, dont l'action est le plus souvent indirecte, a également pour objectif d'améliorer et de raisonner le recours à des méthodes de lutte plus directes, lorsque celles-ci sont disponibles.
La prophylaxie est donc le pilier de la protection intégrée des cultures. Toutes les étapes de la production d'ail sont concernées, qu'elles soient avant plantation, en cours de culture ou après récolte.
A ce stade de l'itinéraire, la prophylaxie concerne plus particulièrement : le choix et la préparation de la parcelle, le choix et la préparation de la semence, les conditions de plantation et le raisonnement de la fertilisation.
Les fiches présentées dans ce document sont extraites du livret " Produire de l'ail en Occitanie ". Ce livret pédagogique, élaboré par les partenaires des réseaux de surveillance biologique du territoire et DEPHY, présente un panorama des mesures prophylactiques et des techniques de lutte alternative pouvant être mises en œuvre contre les bio-agresseurs de l'ail. Le livret complet, comprenant fiches thématiques, témoignages de producteurs et résultats d'essais est disponible en cliquant ici.
L'ail est une culture fragile et un soin rigoureux est à apporter aux cours des étapes de tri, de préparation de la semence
(égrenage), de plantation et de toute autre manipulation (transport, transfert ). En effet, ces étapes peuvent être sources de blessures et de chocs, fragilisant les caïeux. Les blessures peuvent également constituer des portes d'entrée à différentes maladies et ravageurs.
La lutte contre la mouche du semis est exclusivement prophylactique puisqu'il n'existe aucun moyen de lutte directe. Une rotation longue, l'éloignement des parcelles d'une année sur l'autre, la destruction et l'enfouissement des résidus de culture, la non-réalisation d'apports de fumier frais et surtout une plantation pas trop précoce (après le 1er novembre pour l'ail violet) sont les premiers leviers de lutte contre ce ravageur.
Les contaminations sont la plupart du temps secondaires : elles vont être favorisées par des chocs, des blessures ou des manipulations brutales. La plantation de caïeux porteurs de spores, associée à des conditions favorables au développement du champignon à la plantation (sols secs, soufflés, motteux), peut se traduire par le développement d'une pourriture bleue/verte voire rose sur les caïeux, avec des plants chétifs, manquant de vigueur, et avec un feuillage qui jaunit. Les attaques au champ ont lieu en début de cycle de culture (de la plantation à février/mars). Ils peuvent entrainer des pertes à la levée et impacter le développement des plantes.
Directeur de publication : Denis CARRETIER, Président de la Chambre régionale d'agriculture d'Occitanie, BP 22107, 31321 CASTANET-TOLOSAN CX
La lutte contre le Penicillium est exclusivement prophylactique puisqu'il n'existe aucun moyen de lutte directe. Afin de limiter le risque, il est conseillé de : limiter les chocs et blessures des grains, assurer une bonne préparation du
sol , privilégier une plantation en conditions humides ou avant une pluie annoncée, et favoriser une levée rapide sur ail d'automne . Si les conditions climatiques et l'état des sols à la plantation sont favorables à la maladie
(sols secs, absence de précipitations), la mise en place de l'irrigation et la réalisation d'un roulage permettront de
rappuyer le sol et ainsi de limiter le risque d'attaque.
La préparation du sol (plusieurs interventions successives allant du plus profond au plus superficiel) doit permettre
d'obtenir en profondeur un sol ameubli, " rappuyé " et sans mottes dures afin de favoriser un bon enracinement des plantes. En surface, le sol doit être suffisamment émietté et sans résidus grossiers de culture pour permettre une insertion facile des caïeux.
Cette campagne 2021 a été fortement marquée par la pourriture blanche. En l'absence de méthode de lutte directe contre cette maladie en enrobage des caïeux, la prévention reste plus que jamais le seul et unique moyen pour limiter le risque :
Privilégier les rotations longues
Eviter les parcelles à historique, les précédents Allium / vergers / vignes, les zones de parcelles acides, les zones d'emplacement d'anciennes haies ou chemins, les zones de parcelles humides et les bas-fonds
Sélectionner sa semence avec soin
Recourir à de la semence certifiée
Les interventions de désherbage mécanique peuvent être réalisées dès que les conditions climatiques et l'état des sols le permettent, et peuvent donc débuter dès l'implantation, " à l'aveugle ". Attention tout de même pour les interventions en plein (houe rotative, herse étrille), celles-ci doivent être réalisées avec beaucoup de vigilance à partir du stade pointant
/ une feuille. Il en est de même pour les interventions de binage dans l'inter-rang, sauf avec un système de guidage performant.
Bien choisir et préparer sa parcelle
Bien choisir et préparer sa semence
Planter au bon moment et dans de bonnes conditions
Raisonner la fertilisation
Le DVP (Dispositif Végétalisé Permanent en bordure de point d'eau) vise à réduire le risque de transfert par ruissellement. Cette zone comporte un dispositif herbacé permanent ou un dispositif arbustif. Elle n'est pas cultivée, et ne reçoit aucune application. Il n'est pas possible de réduire le DVP.
Il est à différencier de la ZNT aquatique (zone non traitée en bordure de point d'eau), qui vise à réduire les risques de transfert par dérive. Cette zone, cultivée ou non, ne reçoit alors aucune application.
Une ZNT de 50 ou 20 mètres peut être réduite à 5 mètres si certaines conditions sont remplies (mise en place d'un DVP de 5 mètres minimum en bordure de point d'eau, mise en œuvre de moyens permettant de limiter le risque de dérive, enregistrement complet des pratiques).
Pour certaines spécialités commerciales utilisées sur ail, le DVP est de 20 mètres. Soyez vigilant et pensez-y dès l'implantation !
Directeur de publication : Denis CARRETIER, Président de la Chambre régionale d'agriculture d'Occitanie, BP 22107, 31321 CASTANET-TOLOSAN CX
| Quelles mesures mettre en œuvre ? | Pour limiter quels risques ? | |
| Durée de larotation | Rotation de 5 ans minimum entre deux Allium | Champignons du sol(pourriture blanche, fusariose…),nématodes, mouches |
| Eviter les précédents Allium | Nématodes, pourriture blancheet autres champignons du sol | |
| Eviter les précédents betteraves, luzerne,tournesol, haricots, maïs, sorgho | Nématodes | |
| Eviter les précédents vergers et vignes | Pourriture blanche | |
| Précédentcultural | Eviter les précédents prairies | Problèmes physiologiques(feuilles axillaires, éclatement)liés à une libération tardive del’azote, taupins |
| risques de repousses En agriculture biologique, protéagineux en dérobé permet d’assurer un apport d'azote organique | Le colza et les céréales à pailles sont considérés comme les précédents les mieux adaptés Au-delà de la limitation du risque sanitaire, ils libèrent la parcelle suffisamment tôt pour permettre une bonne préparation du sol, et limitent les le précédent céréales et |
| Historiquede la parcelle | Eviter les parcelles ou zones de parcelle avechistorique pourriture blanche, les zonesd’emplacement d’anciennes haies ou chemins,les zones ayant déjà reçu des déchets de récolte(fanes, bulbes etc) | Pourriture blanche |
| Privilégier des parcelles sans problématiqueadventices majeure | Adventices | |
| Eviter les parcelles ou zones de parcelle acidesPrivilégier des parcelles avec un pH supérieur à 7-7,5 | Pourriture blancheProblèmes physiologiques(feuilles axillaires, éclatement) | |
| Type de sol | nutritifs, favorisant une bonne plantes | Les sols avec un bon taux de matière organique (MO>2%) sont à privilégier en raison de leur bonne capacité de rétention en eau et de leur richesse en éléments implantation et un bon développement des |
| Autrescaractéristiquesde la parcelle | Privilégier les parcelles drainées et ressuyant bienEviter les parcelles hydromorphes et battantes,ainsi que les zones de parcelle humides et lesbas-fonds | Café au lait, pourriture blanche,rouille |
| Privilégier les parcelles bien exposées et séchantvite (hauts de coteaux exposés Sud ou Est) | Rouille | |
| Détruire les résidus de culture du précédent leplus tôt possible (déchaumage après récolte) | Champignons du sol | |
| Travail du sol | Travailler le sol dès que les conditions le permettentpour obtenir une bonne structure : déchaumage,labour / décompactage, plusieurs passages plussuperficiels (herse rotative, vibroculteur,herse plate…) | Adventices, Penicillium,café au lait, mouches,problèmes physiologiques(Waxy B) |
| de culture pour permettre une insertion facile des caïeux | La préparation du sol doit permettre d'obtenir en profondeur un sol ameubli, « rappuyé » et sans mottes dures afin de favoriser un bon enracinement des plantes En surface, le sol doit être suffisamment émietté et sans résidus grossiers |
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PRODUIRE DE L'AIL EN OCCITANIE - RÉSEAU DE SURVEILLANCE BIOLOGIQUE DU TERRITOIRE AIL ÉDITION OCCITANIE - MIDI-PYRÉNÉES
| Quelles mesures mettre en œuvre ? | Pour limiter quels risques ? | |
| Recourir à de la semence certifiée | Virose, pourriture blanche,nématodes | |
| Choix de lasemence | Pour la semence de ferme, identifier et sélectionnerles lots susceptibles d’être mis en terre en coursde cycle de culture | Virose, pourriture blanche etc |
| lots de semence différents) afin de limiter les risques | Chaque variété présente des caractéristiques qui lui sont propres (précocité, sensibilité…) Lorsque cela est possible, la diversification du matériel végétal implanté est à envisager (variétés différentes, certifiées/non certifiées, issues de | |
| Traitement parthermothérapie | Le traitement par thermothérapie consiste à tremper les bulbes dans un bain d’eau chaude (entre 48 et 50°C) durant une heure Si cette pratique permet de réduire significativement les infestations, elle ne peut pas garantir l'absence de contaminations en cours de culture | Nématodes, acariens,champignons |
| Réception et | A réception, stocker les bulbes dans un local secet aéré Ne pas les exposer précocement à destempératures favorables à la levée de dormance(environ 7°C) | Problèmes physiologiques(feuilles axillaires) |
| stockage | Pour l'ail mis en terre à l'automne, les bulbes peuvent être exposés à des températures plus froides une quinzaine de jours avant la plantation afin de favoriser une levée rapide et homogène de la culture | Mouches, Penicillium |
| Tri et | Ecarter les bulbes présentant des symptômes demaladies ou ravageurs, ainsi que les grainschoqués ou blessés | Pourriture blanche, nématodes,Penicillium, café au lait, etc |
| préparationde la semence | conservés au sec et en conditions ventilées | Pour éviter de blesser et fragiliser les caïeux lors de l’égoussage mécanique, il est conseillé de chauffer les semences (pas plus de 30°C) Le laps de temps entre l'égrenage et la plantation doit être le plus court possible car les caïeux « isolés » se conservent mal Si la plantation doit être repoussée, les caïeux doivent être |
Plusieurs générations sont nécessaires pour obtenir des plants certi és, les premières étant conduites sous let pour éliminer tout risque de contamination virale par des insectes vecteurs. L'obtention de semences certi ées suit un schéma strict de production, reconnu réglementairement et o ciellement
(Service O ciel de Contrôle et de Certi cation (SOC), délégué au Groupement National Interprofessionnel des Semences et des plants (GNIS)).
A noter : si le recours à de la semence certi ée permet de s'a ranchir de contaminations primaires, il ne peut pas garantir l'absence de contaminations secondaires au cours du cycle de culture !
LES GARANTIES DE LA
CERTIFICATION :
maximum 1% d'impuretés variétales
maximum 1% de maladies virales de type mosaïque
maximum 1% de pourriture blanche
0% de nématodes.
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La période de plantation doit être adaptée aux types variétaux et plus particulièrement à leur physiologie (dormance). La non adéquation de la période de plantation et de l'intensité de la dormance de la variété peut entraîner des problèmes d'ordre physiologique : pousses axillaires
(" ls " / " balayettes ") et surgousses, ou à l'inverse formation d'un caïeu unique (" ailles ").
| Créneaux de plantation | |
| Préconisés pour limiterIssus des cahiers desles risques d’attaquescharges SIQOde bio-agresseurs | |
| Ail blancet violet | Du 15/10 au 15/12Du 01/11 au 30/11 |
| Ail rose | Du 01/12 au 31/01Du 10/12 au 10/01 |
Les plantations trop précoces sont favorables aux attaques de mouches (ail violet plus particulièrement) et exposent davantage les cultures au risque de gel. Elles augmentent également la sensibilité des plantes aux attaques précoces de rouille.
Un décalage de la date de plantation de 15/20 jours permet de limiter ces risques, tout comme la pression adventices.
Attention néanmoins, une plantation trop tardive peut avoir un impact sur le rendement et les calibres.
Chaque année, les premières attaques précoces de rouille sont observées sur parcelles plantées précocement, vigoureuses et/ou mal exposées !
primordial. Une plantation en sol sec et motteux sera très favorable aux attaques de Penicillium.
En conditions sèches, lorsqu'aucune pluie n'est annoncée et lorsque cela est possible bien entendu, la mise en place de l'irrigation avant plantation peut être envisagée a n de préparer le sol, ainsi qu'après plantation pour rappuyer le sol et faire adhérer la terre aux caïeux (25-30 mm d'apport). La réalisation d'un roulage après plantation peut également être envisagée dans cet objectif. En conditions sèches et sur ail violet plus particulièrement, l'irrigation favorise aussi une bonne implantation de la culture et permet de limiter le risque d'attaque de mouches des semis.
Si une protection contre la pourriture blanche est appliquée, les caïeux doivent néanmoins être plantés secs : d'une part pour limiter les risques d'inhalations par les opérateurs, d'autre part pour éviter qu'ils ne pourrissent en cas de conditions défavorables.
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Les apports de fertilisation doivent permettre de satisfaire les besoins de la plante (qui évoluent selon les di érentes étapes de son développement), tout en limitant les risques de pressions parasitaires et l'expression de désordres physiologiques.
Ils doivent donc être adaptés et raisonnés.
Une fertilisation excessive et/ou tardive augmente la sensibilité de la plante à la rouille et
à la maladie des taches brunes, favorise l'expression des symptômes de café au lait et l'émission de feuilles axillaires (ou " balayettes ", pouvant entraîner un éclatement du bulbe).
Un déséquilibre d'ordre nutritionnel, et plus particulièrement un excès de potasse, est un des facteurs pouvant avoir un impact sur l'assimilation du calcium par les plantes et donc sur l'expression du Waxy Breakdown.
ZOOM SUR LE WAXY BREAKDOWN : Le Waxy Breakdown est un problème physiologique, il n'est donc pas lié à une maladie ou à un ravageur. Il est lié à un défaut d'alimentation en calcium des plantes, alors même que le calcium est présent dans le sol. Il s'agit donc d'une carence qui est induite par les conditions du milieu
(d'ordre climatique, nutritionnel et agronomique). Cette carence en calcium des cellules en phase de croissance provoque une rupture des parois cellulaires et une détérioration des fonctions membranaires, ayant pour conséquence un brunissement des tissus.
Une fertilisation raisonnée et fractionnée est à privilégier
La potasse et le phosphore doivent être apportés de préférence avant la plantation, en
fumure de fond. Pour les systèmes en polyculture-élevage avec apports organiques, cet apport de fumure de fond est souvent déconseillé. Des essais menés au CEFEL
On considère qu'en sol su samment bien pourvu, les apports en 2011 et 2012 (variétés ne doivent pas dépasser : Messidor) avaient permis de
- azote : 150 unités sur ail blanc / violet, 110 unités sur ail rose mettre en évidence que des apports d'azote raisonnés
- phosphore : 100 unités
(entre 90 et 120 unités/ha)
- potasse : 200 unités permettaient d'obtenir le
L'azote doit être apporté de sorte à ce que la plante puisse meilleur compromis : le prélever pour développer ses feuilles (globalement de rendement commercial, janvier/février à mars/avril,) en deux apports minimum calibres souhaités en fonction des objectifs de
(trois apports conseillés). commercialisation, qualité
Il faut éviter les " à coups " : pas plus de 50 unités d'azote sanitaire, coût de la à chaque apport ! fertilisation
Si le recours à des engrais complets est intéressant en cours de culture, il est conseillé de réaliser le dernier apport avec de l'azote soufré.
Attention : au-delà des aspects physiologique et sanitaire, d'autres exigences doivent être
prises en compte (cahier des charges, classement en zone vulnérable )
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